J'examine attentivement la peinture: c'est une
fille du feu, dont les mèches rouges s'élèvent vers le ciel crépusculaire.
Autour d'elle, des personnages figés dans une écorce gris-vert. En légende, les
noms de l'œuvre et de sa créatrice: La Llamada. Remedios Varo.
Llamada,
je ne sais pas ce que cela signifie, mais cela sonne comme lumière.
Si vous ne lisez que ces lignes;
Un bel objet, autant dans la forme que dans le fond qui est en passe de devenir mon coup de coeur de l'année. Pour petits et grands, ce récit entre roman et conte, passe du grave au leger, des éblouissements de l'enfance aux soucis adultes en un jeu constant de clair-obscur, le tout sur fond de toiles de peintures, faisant appel à l'intélligence des sens présente en chacun d'entre nous.
Un bel objet, autant dans la forme que dans le fond qui est en passe de devenir mon coup de coeur de l'année. Pour petits et grands, ce récit entre roman et conte, passe du grave au leger, des éblouissements de l'enfance aux soucis adultes en un jeu constant de clair-obscur, le tout sur fond de toiles de peintures, faisant appel à l'intélligence des sens présente en chacun d'entre nous.
Charlotte Bousquet
Philosophe de formation,
Charlotte Bousquet soutient à la Sorbonne en 2002 une thèse sur les mondes
imaginaires, Les mondes imaginaires et le déplacement du réel : un
questionnement de l'être humain.
Depuis 2003, elle a écrit plusieurs
articles philosophiques dans des ouvrages collectifs, ai l’auteure de nombreux
romans et nouvelles (je vous enjoins à consulté sa page wikipédia !!).
Elle a participé du début à la
fin en tant que nouvelliste à la création du jeu de rôles COPS.
Charlotte Bousquet a créé, avec son
époux l'illustrateur Fabien Fernandez (Fablyrr), la maison d'éditions CDS-éditions,
dans laquelle elle a dirigé la collection Pueblos (2009/2011)composée
d'anthologies destinées à venir en aide aux associations humanitaires et
écologiques, le thème étant choisi pour sensibiliser le public et les droits
d'auteurs leur étant reversés. La première publication de la collection Pueblos
a été l'anthologie L dont les droits sont reversés à l'association
Aurore - La maison Cœur de femmes.
- Lettres aux ténèbres, roman vampirique,
- L'Archipel des Numinées, cycle de dark fantasy , prix Elbakin 2010 et le prix Imaginales 2011 (meilleur roman et meilleure illustration) pour le tome 2,
- La Peau des rêves, pentalogie « young adults », prix Imaginales des Collégiens 2012 pour le tome 1 Nuit tatouée,
- La trilogie du Cœur d'Amarantha : Les Arcanes de la trahison, pour lequel elle obtient le Prix Merlin,
- en 2012 elle écrit Précieuses, pas ridicules, un abécédaire décapant sur le féminisme et les arts.
Le pitch
Lune a treize ans. Lune voit le monde en noir et
blanc. Lune souffre d’une maladie dont nul ne connaît l’origine... Depuis
l'arrivée de Malco dans leur vie, à sa maman et elle, Lune perd peu à peu ses
sens. Malco est sombre, Malco ternit sa maman et un sentiment d'étouffement menace de l'engloutir chaque fois que ce grand échalas noir s'approche d'elle.
Aucun médecin n'arrive à déterminer une raison à
ses pertes de sens: Lune est-elle tout simplement en rejet de son nouveau beau-père
? Terrorisée à l'idée de perdre un peu plus sa mère, Lune tait ses ressentis et
dépérit chaque jour un peu plus.
Jusqu’au jour où, chez sa psychologue, l’affiche
d’une exposition attire son attention. Pour la première fois depuis longtemps,
Lune perçoit de nouveau les couleurs ! Convaincue que le remède à son mal se
trouve au musée, la jeune fille décide d’y aller. Mais une ombre malveillante
la suit, prête à tout pour l’arrêter.
Commence alors pour Lune un voyage étrange. De
tableau en tableau, l’adolescente découvrira ses pouvoirs et le secret de son
passé...
Le jour se léve, remplaçant l'obscurité par une infinité de gris.
Grise ma peau.
Gris, mon ours en peluche.
Gris, le roman posé sur ma table de chevet.
Gris, la chaise, le bureau, la boîte à bijoux et les étagères.
Et dans la pénombre d'un recoin, de l'autre côté de la porte peut-être, quelque chose m'espionne, prêt à m'engloutir.
Ce que j'en ai pensé
Est-ce un hasard si j'ai eu besoin de finir ce
livre au soleil et entourée de fleurs ? je ne penses pas; ce roman m'a
reconnectée avec une joie de vivre et un plaisir simple des sens qui, comme
pour Lune, s'amenuisent face aux tracas quotidiens et aux gris de la vie.
C’est un roman à tiroirs. Un roman fait de
couches superposées, à l'image de l'œuvre d'un peintre. Les personnages et le
cadre de l'histoire pourraient en faire un roman enfantin quand le fond que
sont les péripéties vécues par Lune en font un roman initiatique; petite
Lune devient une jeune-fille, une ébauche de femme, telle une fleur
s'épanouissant.
A cela, la couche de fond amène une touche
presque psychanalytique, un lavis chamanique, tant cela touche à l'instinctif,
aux mémoires sensorielles, aux intuitions justes de l'enfant intérieur, sans
que jamais l'auteur ne nous signifie les bornes de sens parsemées tout au long
de son récit.
Lune est donc un archétype féminin, dépassant ses
13 ans tout en y collant par moments, connectée à un art éminemment féminin;
les tableaux cités et leurs auteures (dont on trouve une biographie en fin
d'ouvrage) participent de ce chorus de voix féminines, sans pour autant en
exclure le masculin. (deux tableaux sont présents en fin d'article) Par bien des points, Lune et l'ombre m' a fait penser à Alice aux pays des merveilles de Lewis Caroll.
C'est donc à un texte à la fois roman
initiatique, enfantin et psychanalytique au sens des recherches de Clarissa Pinkola
Estés que j'ai eu affaire. Un délice des sens et un banquet pour tous les
étages ! Intellect, imaginaire, ressentis, émotions: tout y est nourris.
Tout en nous proposant un conte unique, sans
figures de style identifiables appartenant à telle ou telle famille (petit
chaperon-rouge, cendrillon, blanche neige etc.) Charlotte Bousquet pourrait
faire figurer son roman dans les contes décryptés par Bruno
Bettelheim dans La psychanalyse des contes de fée. Proche des intuitions d'une Julia
Kristeva, l'auteure nous enjoint à la créativité et à la non abnégation de nos
émotions dans un texte simple, qui parlera à chacun et chacune selon ses
besoins.
Deux tomes encore à paraitre me
font saliver d'avance, même si, en soi, ce premier tome est déjà une réussite.
Sur quels autres chemins ces prochains tomes me mèneront ?
Lune découvrira-t-elle
les raisons de son existence et l'identité de Malco ?
Et que deviendra son ami, dans
notre monde en gris ?
Arrivera-elle à faire revenir les
couleurs du monde réel ?
La
plume y est légére, le récit halletant, enchainant les embûches tout au
long d'une course-poursuite qui ménera Lune vers des rencontres et
vérités décisives. Un petit bémol tout de même vis-à-vis de ces
révélations, deux particuliérement importantes, qui arrivent un peu trop
vite et m'ont paru "flotter" sur le reste du récit, mais rien de bien grave.
Au final, je ne regrette qu'une
chose; la brièveté du texte, un choix d'édition qui transmute ce magnifique
texte en bel objet, faisant se rejoindre le fond et la forme; pagination,
police, illustration et choix du papier donnant envie de se plonger dans les
aventures de Lune.
Je remercie donc Babelio et les
éditions Gulf stream de m'avoir permis de découvrir cette auteure ainsi que ce
roman grâce à l'opération Masse critique. Une chose est sure; vous entendrez
reparler de Charlotte Bousquet sur Un livre sur mes lèvres !
En résumé...
Les plus;
- Un texte s'adressant à tous les âges dans un style simple,
- Une profondeur qui m'a séduite,
- un bel objet en soi,
- une annexe en fin d'ouvrage avec les tableaux et peintres rencontrés,
- une histoire belle et passionnante que j'ai eu du mal à lacher.
Les moins;
- Un texte trop court malgré ses 193 pages,
- un encollage du livre qui me parait fragile à terme,
- une
course en avant qui pourrait en lasser certains.
En conclusion;
Un roman qui m'a fait du bien, simple à lire et
enrichissant sur tous les points, pouvant s'adresser à tous de 10
à 130 ans ! Une histoire jolie et palpitante, illustrant à merveille le passage
de l'enfance à l’âge adulte.
cités dans cet article ;
pour aller un peu plus loin ;
La Llamada- Remedios Varo - 1961
Untitled- Léonora Carrington - 1952
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