jeudi 8 mai 2014

La série Starters de Lissa Price

Vous serez totalement endormie. La locataire prendra alors mentalement possession de votre corps. Puis elle répondra à une série de questions afin que l'équipe s'assure que tout fonctionne normalement. Après cela, elle sera libre de profiter à sa guise du corps qu'elle a loué. 


Si vous ne lisez que ces lignes;

Un bon roman jeunesse de sf où les références pour les amoureux du genre sont évidentes, peut-être trop. Une heroïne attachante, un bon rythme dans la narration, un univers cohérent, un moment agréable de lecture.
  
Lissa Price

Titulaire d'un mastère en écriture de UCLA, Lissa Price est une jeune scénariste nord américaine. Elle a écrit des programmes jeunesse pour la télévision et a reçu de nombreuses récompenses pour ses scénarios. Starters, son premier projet jeunes adultes, a créé l'événement dès la soumission du manuscrit.Traduit et diffusé dans plus de 30 pays, sa duologie est promise au même destin qu'Hunger games par le monde de l'édition.

Le pitch    


Suite à un viellissement croissant de la population, le gouvernement, principalement tenu par des Enders (des personnes agées allant de 50 à 200 ans) ont obtenu une protection totale de leurs droits et emplois avant la guerre. La médecine de pointe permet à cette population viellissante de rallonger sa durée de vie dans des proportions extrêmes, certains ateignant les 250 ans, sans rides grace à la chirrurgie plastique, mais fiers de leurs cheveux blancs qu'ils portent comme le signe extérieur d'une classe dominante. Les Jeunes, quant à eux, les Starters, se retrouvent pour la plupart démunis et à la rue, sans parents ni grand-parents pour la plupart, sans droits de travailler ni d'accés à la posséssion de quelque sorte. Pourchassés par les marshals, mis en asiles ou placés dans des unités de travaux forcés, ils sont sont des mendiants skattant les immeubles désaffectés depuis la fin de la guerre, qui n'aura duré que deux ans et causé la mort d'une immense part de la population mondiale; les Middlers. 

Comme tous les adultes entre vingt et soixante ans, les parents de Callie sont morts durant la Guerre des Spores, sous les frappes de missiles bactériologiques, faute d’avoir pu être vaccinés à temps. Les laboratoires pharmaceutiques, hélas, n'ont put produire suffisament de vaccins, et rares sont les Middlers (adultes entre 20 et 40 ans environ) encore en vie, ces rares cas étant d'anciennes stars ayant payé le prix fort souvent au marché noir pour obtenir ce sauf-conduit.

Avec son petit frère Tyler, la jeune fille passe désormais ses journées à fuir les forces de l’ordre, se réfugiant dans des squats, en compagnie de leur ami Michael. Elle doit aussi se méfier des rodeurs qui n’hésiteraient pas à les tuer pour un banal morceau de pain. Il ne lui reste comme dernier espoir que Prime Destinations, un étrange institut de Beverly Hills sur lequel règne un personnage mystérieux que tous surnomment « Le Vieux ».
Le Vieux recrute des adolescents pour louer leurs corps à des Enders – des personnes âgées voulant retrouver leur jeunesse d’antan. Callie, prête à tout pour gagner l’argent qui sauvera les vies de Tyler et Michael, accepte d’être donneuse. Mais à la suite d’un dysfonctionnement de la neuropuce implantée derrière son crâne, Callie se réveille à la place de sa locataire. Elle vit désormais dans son manoir, conduit ses voitures de luxe et fréquente le petit-fils d’un sénateur. Callie se croirait presque dans un conte de fées… jusqu’à ce qu’elle découvre que sa locataire a bien d’autres intentions que de profiter de sa jeunesse retrouvée – et que les plans maléfiques de Prime Destinations dépassent tout ce qu’elle aurait pu imaginer…

 Donnez un masque à un homme et il vous dira la vérité.

Ce que j'en ai pensé

 


J'ai eu très envie de lire les romans de cet univers à leur parution; férue de sf, je suis constamment aux aguets de mondes originaux écrits dans un style moderne, les complexités stylistiques des classiques du genre étant parfois lassantes. Tel qu'un hunger games ou un âmes vagabondes, ce roman est un moment agréable de lecture, où l'on suit avec facilité et envie les péripéties de Callie et de toute sa bande.

A contrario de nombreuses séries éditées dans une même tranche éditoriale, les deux tomes sont égaux dans l'intérêt de l'histoire et de l'écriture. En effet, trop de séries sf jeunesse ont un premier tome mou dans le rythme et développant peu l'histoire pour ensuite devenir réellement passionnantes dans les tomes suivants (divergente en étant un exemple flagrant pour moi).


Malheureusement, à contrario des deux exemples que je viens de citer, les racines de ce roman m'ont paru trop évidentes sans les dépasser; un brin de Johnny  Mnemonic, une situation intergénérationnelle tirée de battle royale, une idée de base largement reprise de la série tv Dollhouse de Joss Whedon, et un principe de spores transmetteurs d'un virus trop peu développé. De même, le thème de l'apparence physique et de la quête de la beauté m'a beaucoup fait penser à la série Ugglies de Scott Westerfeld... Cette question de la culture sf usitée sans la nommer m'a parue étrange étant donné le désir de l'auteur de valoriser par moments la culture des classiques par le biais de son heroïne et des rapports entetenus avec son pére.

Hormis ces références par trop évidentes pour moi, l'auteur crée une fausse impression de modernité en ajoutant le mot "air" à tout et n'importe quoi (airécran, airyaourt...) et tombe là dans une facilité navrante. De même, il me parait important de souligner le rapport aux armes à feux (le pére de Callie lui en a appris le maniement a un trés jeune âge) qui découle de la culture américaine sur ce sujet... 

L'histoire de la trame principale contenue dans Starters et Enders m'a parue parfois trop simpliste à mon gout, même si Lissa Price possède indéniablement des qualités d'écriture, et que l'interet et l'envie de lire la suite de chaque chapître sont tout de même bien là. Il m'a cependant manqué ce supplément d'âme présent dans les romans de  Stephenie Meyer et de Suzanne Collins, ou encore une originalité dans la dystopie qui pour le coup, est bien présente dans des romans tels que Never Sky ou encore Pure de Julianna Baggott (bien que celui-ci parte dans le grand n'importe quoi à mon gout). 

A contrario, les deux nouvelles fournies gratuitement sur le site de l'auteur, m'ont semblées plus matures dans leur écriture et le ton employé par l'auteur, malgré leur brièveté (environ 50 pages chacune). J'y ai également trouvé plus de dramaturgie, Callie paraissant parfois froide et à distance (ou un brin inconsciente ?) des événements se passant autour d'elle. Même la romance, qui pourtant posséde tous les éléments pour être poignante, est peu dévellopée et insatisfaisante.

Responsable, auto-promue tutrice de son petit frère, Callie m'a semblée constamment détachée, comme en décalage, avec des buts et actions qui pourtant lui tiennent à cœur. L'auteur tente de nous exposer la psychologie de la jeune-fille, ses réflexions internes et ses rêves d'un avenir meilleur pour les Starters, mais au final ce sont les personnages secondaires, moins développés, qui lui volent la vedette.

J'aurais aimé savoir pourquoi le gentil Mickael se sent l'obligation de gérer le petit frère de Callie, Tyler, point qui malheureusement n'est pas développé dans la nouvelle qui lui est attribuée; Portrait d'un starters. Les personnages du père de Callie (quid de sa mère ?), du grand méchant de l'histoire mais aussi de Hyden auraient vraiment mérité un développent approfondit, avec pourquoi pas des chapitres écrits de leurs point de vues.

L’histoire, sans temps morts, est entrainante et fluide; l'on suit les péripéties de Callie, sa lutte contre un systéme et ses déboires. Malheureusement tout m'a semblé rester en surface, et même quand elle est confrontée à la mort d'alliés (ce qui arrive un certain nombre de fois), Callie reste la même, monolithe psychologique et émotionnel... Ainsi, ses passages par des institutions l'enfermant ou la torturant n'ont pas d'impact sur elle, ni sursaut de combativité ni déprime, et elle conserve à contrario une douceur naïve et un désir de se confier au premier venu agaçants tout au long de l'histoire.

Malgré cette héroïne plate et sans grand intérêt, le monde créé par Lissa Price contient de réels éléments intéressants et évite le manichéisme facile dans lequel elle aurait pu tomber (celui d'une caricature de vieux méchants et de jeunes tous victimes), et tente une ouverture sur des thèmes porteurs pour le jeune public; la place de l'apparence dans nos sociétés, la quête de jeunesse ou d'argent, la question de l'identité et du désir de vivre. 

La fin de l'histoire m'a parue en contradiction totale avec le propos du roman; basé principalement sur un désir de changement de société, Callie et ses amis finiront par choisir sans grande méfiance de se mettre au service d'une institution ayant pourtant été leur ennemie... On repassera pour le changement de société, et l'on sent l'égémonie de l'armée américaine...


Deux prochaines nouvelles gratuites sont à paraître en français, déjà existantes en anglais sous le titre Portrait of a Donor et Portrait of a spore. J'espère que ce dernier apportera de nouveaux éléments expliquant cette guerre bactériologique si peu développée dans les romans.

 En résumé...  


  Les plus; 
  • Une écriture fluide, facile à lire,
  • un enchainement de l'action entrainante et haletante,
  • deux tomes égaux dans leur écriture,
  • une histoire qui séduira le jeune public.

Les moins; 
  • Un univers et une histoire sans originalité pour les amoureux de sf, 
  • une romance plate et peu dévellopée,
  • une héroïne monolithique psychologiquement, 
  • une fin réellement décevante à mon gout.


 En conclusion; 

Malgrés un univers trop peu dévellopé et des ficelles parfois trop visibles, un bon roman jeunesse, dont le rythme et les personnages séduiront certains lecteurs.

Pour ma part, ces romans me laissent un gout de trop peu et de superficialité dans trop de domaines (l'heroine principale, le monde proposé et ses explications, la fin choisie par l'auteur) pour être tout à fait satisfaisants. 

Je lirais néamoins les prochaines nouvelles à paraître en espérant un enrichissement de cet univers qui comporte de bonnes bases et pour lequel j'aurais aimé avoir un réel coup de coeur.

cités dans cet article; 








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