jeudi 19 juin 2014

Demain est un autre jour - Lori Nelson Spielman

 
Ce livre appartient à toutes les femmes et à toutes les filles qui, en entendant le mot "rêve" voient un verbe au lieu d'un nom commun.


Si vous ne lisez que ces lignes;


Lu dans le cadre d'une lecture commune (LC) ainsi que le challenge Boule de neige avec les membres du forum L'âme du livre: une merveilleuse découverte dévorée en trois heures ! Un livre simple à lire sur les rêves que l'on n'a plus le courage de poursuivre une fois adultes, sur le deuil, la vie, l'amour et la réussite personnelle. Une histoire très girly mais avec un fond  prenant et bien plus profond qu'il n'y parait !



  La peur du changement nous pousse à l’inaction. 




Lori Nelson Spielman 

Lori Nelson Spielman est une enseignante américaine vivant à East Lansing, Michigan, avec son mari et son chat qu'elle gâte trop. 

Ancienne orthophoniste et conseillère d'orientation, elle travaille actuellement comme professeur à domicile pour les enfants à mobilité réduite de façon temporaire ou constante. 

Grande lectrice, Demain est un autre jour,  parut en 20013,  est son premier roman et est un phénomène littéraire mondial. Publié en avant première en France, le premier roman de Lori Nelson Spielman, dont les droits d'adaptation cinématographique ont été achetés par la Fox, a été traduit dans plus de 25 langues.


Le pitch  

À la mort de sa mère, Brett Bohlinger pense qu’elle va tout naturellement hériter de l'empire de cosmétique familial dans lequel elle travaille. Mais, à sa grande surprise, le testament maternel confie les rênes de la société à sa belle-sœur. Pour tout héritage, Brett ne reçoit qu'un vieux papier jauni et chiffonné, récupéré en secret par sa mère dans sa poubelle, vingt ans plus tôt : la liste des choses qu’elle voulait vivre, rédigée lorsqu'elle avait 14 ans. Ainsi, elle n'a pas été oubliée par le testament, mais rien ne lui reviendra si, au bout d'un an, elle n'a pas accompli ses rêves d'adolescence. A chaque objectif atteint Brett recevra une lettre numérotée de sa mère. Des missives étonnantes de justesse et prouvant combien la mère connaissait bien sa fille...
 
Le problème, c'est que la Brett d'aujourd’hui n'a plus rien à voir avec la jeune fille de l'époque, et que ses rêves d'adulte sont bien différents. Enseigner ? Elle n'a aucune envie d'abandonner son salaire confortable et ses stocks options pour aller batailler avec des enfants rebelles dans une salle de classe. Avoir un bébé ? Cela fait longtemps qu'elle y a renoncé, et de toutes façons Andrew, son petit ami avocat, n'en veut pas. Entamer une vraie relation avec un père trop distant ? Les circonstances ne s'y prêtent guère. Tomber amoureuse ? C'est déjà fait, grâce à Andrew, à moins que....

Malgré tout, Brett va devoir quitter sa cage dorée pour tenter de relever le défi. Et elle est bien loin d'imaginer ce qui l'attend.



Eleanor Roosevelt a dit un jour : Faites chaque jour quelque chose qui vous fait peur. Pousse-toi à réaliser les choses qui t’effraient, ma chérie. Prends des risques et vois où ils te mènent, car, grâce à eux, la vie vaut la peine d'être vécue.


Ce que j'en ai pensé


La chick lit (romans légers écrits par des femmes pour des femmes), n'est pas forcément ma tasse de thé. Bien sûr, j'ai ri en en lisant quelques-uns, Le journal de Bridget Jones, Accroche toi Anna ! ou encore Confessions d'une accro du shopping, mais je dois avouer que je préfère un roman de bit litt ou d'urban fantasy pour me vider le cerveau. Je suis donc allée vers ce roman un peu à reculons, d'autant plus qu'il était question d'une liste et que La liste de mes envies m'avait récemment mis les nerfs en boules (représentation de la femme faible, rêves étriqués, morale digne d'une pub pour lessives des années 80..). Je ne suis pas contre la littérature dite "féminine" (j'ai déjà vu un militaire lire des harlequins dans un train), mais je n'ai pas le temps ou la patience de faire le tri des pépites noyées dans le flot de romans remplis de mièvreries et propagandes pour l'institution couple-mariage-femme au foyer (notez que je n'ai rien contre, mais que je ne considére pas celà comme une fin en soi pour les femmes)... 

 Ce roman m'a conquise dés les premiéres pages. Tout commence dans une chambre, où une jeune-femme est en train de noyer son deuil dans la couette de sa mére alors que la reception mortuaire bat son plein en bas. Le ton est donné; leger dans l'écriture, ce roman ne sera pas forcément celui d'une éniéme héroïne jeune et jolie cherchant le mec idéal entourée de ses copines stéréotypées.

Toute l'intélligence de Lori Nelson Spielman se trouve cependant là: détrourner et jouer des codes de la chick litt pour mener un peu plus loin, en douceur, vers une profondeur d'âme que l'on ne soupconnerait pas chez ses personnages. Beaucoup plus adultes aussi, les méandres qui attendent les différents protagonistes ne sont pas mannichéens, et chacun procéde selon ses propres valeurs, compromissions et rêves. 


Bien évidemment, certains moments sont cousus de fils blancs et on les devine bien avant qu'ils n'arrivent; mais celà m'a ajouter du plaisir dans ma lecture, l'attente ressemblant parfois à celle que l'on peut éprouver sur un quai de gare avant que le train n'arrive et que les retrouvailles ne se fassent.

Mais, sous des dehors modestes, c'est a un roman sans consessions que l'on a affaire. de nombreux thémes touchant les femmes, la famille, l'amitié, l'amour y sont abordés, et chaque passage est une petite leçon de vie que nous donne, au travers de sa fille Brett, la défunte mére. 

Par son rapport au deuil et à la remise en question qu'il peut amener, ce roman m'a fait penser à certains passages que j'avais braucoup aimé dans Les enfants de l'Aube de Patrick Poivre d'Arvor. Que faire, quand la vie vous percute et vous arrache un être aimer ? Quel rapport construire avec ses propres besoins et espoirs ? Le lien tissé avec ses enfants au suite d'un drame familial m'ont également fait faire ce rapprochement entre les deux textes... 

Rêves ta vie et vis tes rêves sont les derniéres volontés de la mére de Brett pour sa fille.  De grands rêves, de ceux que l'on fait enfant et que l'on abandonne en croyant devenir raisonnables alors que l'on abdique. Une jolie leçon à appliquer par petites ou grandes touches, selon ses propres choix. 



Croyez-le ou non, vous faites partie des chanceuses – vous savez reconnaître vos besoins et en admettre le manque. Il y a tant de gens malheureux qui refoulent leurs besoins. Chercher l’amour vous rend vulnérable. Seuls les gens sains d’esprit peuvent se permettre d’être vulnérables.


En résumé

Les plus;
  • Une écriture légére et distrayante appartenant bien à la famille de la chick lit,
  • Un fond et des reflexions faisant du bien et réfléchir,
  •  une intrigue réservant des surprises par ses sursauts (parfois on crois que... et non !).
Les moins;
  • Une littérature s'adréssant principalement aux femmes,
  • une héroïne qui, bien que le relativisant et en ayant conscience, est née riche belle et aimée...
  • Des étapes courrues d'avance (romance, réussite de sa quête etc). 
 

 Je frissonne. Pas étonnant que ma mère m'ait obligé à changer de direction, à m'éloigner de cette autoroute superficielle et trop rapide sur laquelle je fonçais. Le route que j'emprunte désormais est sans doute moins rapide, le paysage n'est peut-être pas aussi glamour mais, pour la première fois depuis des années, je prends plaisir au voyage.


En conclusion

Une jolie histoire facile à lire et distrayante qui améne également son lot de réflexions, sur nos choix, nos rêves et nos concessions. Un bon livre-détente pas si "fifille" qu'il ne parait aux premiers abords !


Cités dans cet article:

 


Pour conclure, je ne résiste pas à l'envie de vous citer un passage que j'aime beaucoup du roman de P.P.D.A:


  Lettre-miroir de Camille à Tristan :
Un mot sur la compromission, Tristan.
De compromettre, tu as gardé ce qu'il y a de plus con : promettre. Ah ! ça, pour promettre, il promet.. Et, comme petit poisson veut devenir grand, il s'arme et en même temps il s'affadit. Pour ne pas être mangé, pour ne pas être montré du doigt, pour ne pas être péché parce que trop gros ou trop brillant, il se fond dans la masse, il louvoie, il évite les extérieurs. Petit poisson-mouton. Moyen poisson-mouton. Gros poisson-mouton. ça y est, mon gros, t'as bien négocié. t'es compromis jusqu'à l'arête. 

J'ai mon Littré sur la table. Le vieux me dit que compromettre c'est d'abord mettre un terme de droit : "S'engager par acte à s'en rapporter au jugement d'un arbitre sur un objet de litige." C'est clean, rien à dire. Une autorité qui tranche, des moutons qui suivent...
Mais c'est après que ça dérape. 

"Compromettre.2. v.a.fig. Mettre en compromis, c'est-à-dire remettre à la décision d'autrui et par conséquent exposer à quelque atteinte. Compromettre sa dignité. Compromettre les intérêts de quelqu'un." Ouille, ouille, ouille, démasqué, les petits moutons. On était bien peinards, on s'en rapportait au jugement d'au arbitre et tout d'un coup on s'en remet à la décision d'autrui. On a cédé du terrain. La volonté et la dignité en prennent pour leur compte.

Mais ce n'est pas fini. Il faut aller jusqu'au bout de l'infamie :
"Compromettre.3. Mêler quelqu'un dans une affaire de manière à l'exposer à des embarras ou à des préjugés."

ça y est, le tournant est pris. Jusqu'alors on se laissait mener par le bout du nez, ou du cœur, ou de la lâcheté. Maintenant on fait du mal, exprès. Le ver est dans le fruit. Il n'y a plus qu'à retourner le canon du revolver contre soi :
"Se compromettre, v. refl.S'exposer à des embarras, à des périls."

Oui Tristan, c'est comme ça. Littré dit qu'une femme se compromet lorsqu'elle expose sa réputation. Ou qu'un homme se compromet lorsqu'il engage une lutte avec un adversaire indigne de lui...

N'oublie pas.
Moi, maintenant, je suis au-dessus de cela.

Camille

 


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