jeudi 16 octobre 2014

L'alchimiste de Khaim de Paolo Bacigalupi

-La magie nourrit le roncier, reprit-il. Pourtant, même vous, l'alchimiste, n'avez pas pu vous empêcher de l'utiliser.
-Juste un peu. Pour sauver ma fille.
-Chaque lanceur de sorts a une bonne excuse. 


Si vous ne lisez que ces lignes;

Un conte exotique où la magie à un coût élevé, posant un monde en péril face à des questionnements éthiques. Comme toujours Bacigalupi possède l'art et la manière de créer et conter des univers riches et colorés cachant un fond nous poussant à nous interroger. 

 Mais, très vite, on découvrit que le roncier prenait racine sur le cuivre aussi facilement que sur les champs labourés des fermiers et dans le mortier des murailles de l'immense cité d'Alacan. 

Paolo Bacigalupi


Paolo Bacigalupi est né le 6 août 1972 à Paonia dans le Colorado. Il a obtenu le prix Hugo du meilleur roman 2010, le prix Nebula du meilleur roman 2009, le prix John Wood Campbell Memorial 2010 et le prix Locus du meilleur premier roman 2010 pour La Fille automate. Son roman Ferrailleurs des mers a reçu le prix Locus du meilleur roman pour jeunes adultes 2011.

Pour le découvrir au mieux je vous propose cette excellente interview du Monde. 


Le pitch 

À Khaim, pour chaque sort lancé, des ronciers vénéneux et indestructibles envahissent le monde. L'usage de la magie est un crime puni de mort mais pourtant, lentement et sûrement, les ronces dévorent tout. Après y avoir consumé ses biens, sa vie et sa famille, un alchimiste trouve enfin la formule pour les détruire. Croyant fortune faite, il va trouver le maître de la cité. 

Entière et vivante, sa peau fumait de l'ignition du roncier. Des fils noircis de cendres de la plante la couvraient, ses cheveux avaient à moitié fondu, roussis et toujours emmêlés de fils meurtriers. Brulée, noircie et couverte d'ampoules mais miraculeusement vivante.

Ce que j'en ai pensé

Roman court possédant toutes les composantes d'un conte, L'alchimiste de Khaim posséde toutes les caractéristiques d'un bon roman de Paolo Bacigalupi. Un univers riche cohérent et exotique, des personnages attachants, une écriture travaillée et fluide et un fond portant son lot de réflexions. 

Ici c'est donc un royaume aux accents des Milles et une nuits  qu'un roncier envahit inexorablement, attiré et nourrit de la magie que tout un chacun pense être en droit d'utiliser que nous propose de découvrir Bacigalupi. Que cela soit pour sauver une enfant ou pour assouvir des projets urbains, riches et pauvres usent de la magie tout en ayant conscience des conséquences mortifères, et de l'exode qui en résulte à cause du mur de ronces qui avance. 

Roncier semblant vivant, craquant et sifflant lorsqu'il est agressé, il est un élément procédant de la magie de l'écriture de Bacigalupi: à l'image de la rouille vésiculeuse de La fille automate, l'auteur à le don d'user de mots connus tout en leur donnant une description décalée permettant une immersion rapide dans un univers original. Ici, le roncier possède des filaments velus empoisonnés et des cosses emplies de graines que les enfants ramassent pour rapporter trois sous. Menace contre laquelle les techniques de brulis ne sont que peux efficaces, corvée que les plus pauvres font sous forme de redevance moyenâgeuse, il est le glas sonnant la fin d'une humanité... 

L'alchimiste, Jeoz, est un homme qui, porté par ses rêve d'avenir pour son enfant, sa fille Jiala, souhaite sauver le monde et partager avec le plus grand nombre un mode d'existence où la magie serait sans conséquences. Inventeur de génie, il réussira à créer une machine pouvant détruire le roncier. Mais les puissants sont-ils les mieux intentionnés dans l'utilisation de la science ? 

En contrepoint, Pila, sa fidèle servante depuis des années, veillera sur eux et lui fera découvrir une sagesse toute relative à la famille. De même, chaque personnage procède selon sa propre vision du "bien" pour l'humanité et, malgré un abord caricatural des puissants, cette fable instille selon diverses focales la difficulté de construire sans détruire son prochain.

Véritable petite pépite de fantasy, ce texte est distrayant à souhait et remplit à merveille son but premier ; vivre une aventure auprès de personnages épiques.  Ajoutez à cela une réelle réflexion portant sur l'écologie, la science, la politique et l’éthique humaine, et vous aurez un Bacigalupi !  

Un lit extravagant. Imprégné de la vitalité et de la gloire perdue de Jhandpara. Une antiquité en bois de crécerelle - au grain rouge si fin étouffé depuis longtemps par le roncier -donc triplement précieuse. 

En résumé... 

Les plus;
  • Un univers cohérent immersif,
  • des personnages attachants,
  • un fond portant de nombreuses réflexions, 
  • une écriture fluide et distrayante. 

 Les moins;   
  • un texte trop court et une envie de savoir la suite de l'histoire qui malheureusement ne connait pas de tome 2 !
Quinze ans, ce n'était pas si long pour trouver le moyen de sauver le monde.

En conclusion;

Un moment distrayant et plaisant comportant des réflexions justes pouvant être vues en miroir de notre situation sociale et écologique. Courte, cette fable me semble un bon moyen pour découvrir cet auteur que j'affectionne particulièrement.














Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire