mardi 16 février 2016

Passeuse de rêves de Lois Lowry

-Nous allons lui donner de très beaux rêves, déclara Petite. 
- Oui, il aura besoin de tous les beaux rêves que nous pourrons lui octroyer. Nous allons travailler dur pour lui redonner des forces. 

 

Si vous ne lisez que ces lignes;

Un conte doux, délicat et intelligent, accessible à tout âge. Poétique, ce petit roman est un compensé d'onirisme, un conte sur la résilience mais aussi sur l'inexpliqué qui reste un refuge pour les rêves et la mise en liaison des êtres. Un livre qui fait du bien, doux et chaud comme un édredon de plumes. 

Lois Lowry 


Lois Lowry, est née le mars 1937 à Honolulu à Hawaii, est une écrivaine américaine de livres pour enfants. Avec une sœur aînée, Helen, et un petit frère, Jason, Lois Lowry est au milieu de la fratrie : la meilleure place selon elle. Helen suit en effet le modèle maternel, tandis que Jason marche sur les traces de son père. Quant à Lois, elle se décrit comme une enfant indépendante et solitaire, vivant surtout dans les livres.

Son père conduit une carrière militaire puisqu'il exerce sa profession de dentiste dans l'armée américaine. La famille est donc amenée à déménager très souvent. Au cours de son enfance, Lois vivra à Miami, puis au Japon à Tokyo Elle fera ses études à New York puis à l'université Brown de Rhode Island. Après deux ans d'études littéraires, elle quitte l'école mais elle y retourne quelques années plus tard.

Sa vie itinérante se poursuit lorsqu'elle épouse, à 19 ans, un officier de marine dont elle a quatre enfants. Elle commence véritablement à écrire à partir de 1977, date de son divorce.

Elle a été photographe, journaliste indépendante et écrivaine. Aujourd'hui, elle vit à Cambridge dans leMassachusetts.

Lois Lowry fait partie des cinq auteurs à avoir reçu deux fois la prestigieuse médaille Newberry, qui récompense chaque année le meilleur livre pour enfants américain. Elle a reçu cette distinction pour Compte les étoiles en 1989 puis pour Le Passeur en 1993, celui-ci sera ensuite adapté en film par Phillip Noyce en 2014.

Elle a écrit de nombreuses sagas dont la série Anastasia Krupnik, la série Sam Krupnik, la série Tate Family, la série Le Quatuor (dont fait partie Le passeur), et la série Gooney Bird.

Passeuse de rêves, écrit en 2010, sous le titre original Gossamer, est un roman faisant partie de la vingtaine d’écrits n’étant rattachés à aucune série produits par Lois Lowry. Il est régulièrement adapté au théâtre. 


 Le pitch  

Petite est toute nouvelle, mais elle est très douée. Quand elle effleure de ses doigts translucides le bouton d'un pull, elle capte l'histoire de ce bouton : un pique-nique sur une colline, une nuit d'hiver au coin du feu, et même la fois où on lui a renversé dessus un peu de thé... 

Bientôt, Petite sera capable de combiner ces fragments d'histoires avec d'autres souvenirs collectés à partir d'une photo, d'une assiette ou d'un tapis afin d'en faire des rêves très doux pour les humains. 

Chaque nuit, elle s'entraîne à devenir passeuse de rêves dans la maison où vivent une vieille femme et son chien. Mais la formation s'accélère brutalement lorsque la vieille femme se voit confier par les services sociaux un jeune garçon. 

Il s'appelle John et il est très en colère. Une colère si profonde que les Saboteurs, maîtres des cauchemars, risquent de le repérer. Petite sera-t-elle suffisamment forte pour leur résister ?

 

Ce que j'en ai pensé

Simple mais loin d'être simpliste, Passeuse de rêves est un roman-conte émouvant, transportant dans les secrets de fabrication de nos rêves. Poétesse faisant sonner les mots comme autant de notes de musiques, Lois Lowry écrit d'une plume simple et délicate, laissant les mots vibrer chacun de leur amplitude entière, d'une plume délicate.

Les personnages y sont intéressants et possèdent suffisamment d'épaisseur pour que l'on s'y attache, les faits étant suggérés plus qu'expliqués, laissant l’intelligence émotionnelle du lecteur travailler. Ainsi, en seulement 160 pages Lois Lowry délivre un conte riche ne manquant ni de corps ni de cœur.

Abordant des problèmes sombres sans pour autant noircir un récit qui reste onirique sans tomber dans le niais, ce joli roman m'a séduite et rappelé La petite fille qui aimait la lumière. Preuve supplémentaire, donc, qu'il est possible de produire des écrits intelligents et doux accessibles à tous ages sans tomber dans le rose bonbon et les paillettes de plastiques... 

Passeuse de rêves est un roman de la résilience, de cette capacité à se reconstruire que possède chaque être humain,  abordant avec légèreté et intelligence les sujets de la colère, de la maltraitance, du deuil, de la vieillesse et de la nécessité de grandir et de passer aux étapes suivantes. 

Avec de telles thématiques il peut paraitre étonnant que ce roman reste cependant totalement accessible aux plus petits. Là est le génie de Lois Lowry ; aborder des sujets graves et sérieux avec la fraicheur et l’intelligence de personnages innocents possédant leurs propres mécanismes de compréhension et de régénération. 

Ainsi, John est un garçon attachant, la vielle femme et son chien ne manquent pas d'humour, la maman de John est également un joli personnage  et Petite et sa colonie de passeurs de rêves sont tour à tour drôles ou délivreurs de sagesse dans leurs décalages et compréhensions des humains. 

Ce roman est un total coup de cœur, aussi beau et riche que Le Petit Prince, abordable par tous comme celui-ci, source de réconfort et de réflexions, flirtant avec la philosophie du cœur de  Saint-Exupéry.  

Lisez-le donc ; si je pouvais je vous l'offrirait à tous ! 

-Oui. Tu t'élèves jusqu'aux oreilles. Tu te recentres. Tu fais appel aux fragments. Tu te rappelles ce qu'on a dit, tu fais le rêve du baiser ?
Elle acquiesça.
-Mais comment je fais pour...
- Ça va venir tout seul. Fais appel aux fragments et retiens-les, retiens- les jusqu'à ce que, soudain, tu ne puisses plus les retenir et là... 
- C'est comme quand on éternue, alors !  S'exclama Petite.
-Chut !
- Pardon, chuchota-t-elle.


En résumé... 

Les plus;
  •  Une écriture douce comme le toucher d'un fil de soie,
  • des personnages réalistes et attachants,
  • un conte philosophique abordable par tous.
Les moins :
  • Je n'en voit aucun. 

En conclusion

Total coup de cœur donc pour ce roman-conte que je relirais de temps en temps.  A lire par tous, à tous ages, laissez-vous toucher par cet octroie que vous fais Lois Lowry !

J'adore les toiles d'araignée. Il y en avait une, à un moment, dans un coin du salon, derrière le piano, et j'ai dansé dessus. La lune brillait ce soir-là et ça m'a semblé exactement ce qu'il fallait faire ; danser sur une toile d'araignée au clair de lune. 
 
Cités dans cet article

 Pour aller plus loin 
http://www.elle.fr/Maman/News/Un-livre-pour-expliquer-la-resilience-aux-enfants-2035080
Un livre pour les petits sur la résilience (voir l'article en lien)
 


jeudi 11 février 2016

Le volcryn de George R.R. Martin

S'il est vrai que la vie intelligente existe sur les géantes gazeuses, intervint sèchement Christopheris, ça ne présentent pas d’intérêt pour nous. Toutes les espèces sensitives rencontrées jusqu'ici sont originaires de mondes similaires à la Terre, et la plupart d'entre elles respirent de l’oxygène. à moins que tu ne veuilles laisser entendre que les Volcryns viendraient d'une géante gazeuse ? 

Si vous ne lisez que ces lignes;

Un court roman de science-fiction s'apparentant plus à une grosse nouvelle. Démarrant comme un space-opéra il devient bien vite un huis-clos haletant. Psychologique, dépaysant, respectant les codes de la sf, Martin démontre sa maitrise du genre. 

Ce truc est vivant, expliqua-t-elle, vous n'aviez jamais vu de mémothyste, commandant ? Il s'agit d'une sorte de quartz qui vibre et entre psioniquement en résonance avec la mémoire. Lorsqu'on le touche, il vous rend pour un temps les sensations éprouvées à telle ou telle occasion. 


George Raymond Richard Martin

Né(e) à  Bayonne (New Jersey) , le 20 septembre 1948, George R. R. Martin est un écrivain américain de science-fiction et de fantasy, ainsi qu'un scénariste et un producteur.


En 1971, il sort diplômé en journalisme de l'université Northwestern mais, après être retourné dans sa ville natale, il ne peut y trouver un emploi de journaliste et passe l'été à écrire des nouvelles, se découvrant une vocation d'écrivain. 

 

Objecteur de conscience, il accomplit au lieu de partir au Viêt Nam deux ans de volontariat dans le cadre du programme de la guerre contre la pauvreté entre 1972 et 1974. Entre 1973 et 1976, il est superviseur de tournois d'échecs, puis professeur de journalisme à la Clarke University de Dubuque de 1976 à 1978. 

Dans le même temps, il écrit des nouvelles de science-fiction qui lui valent une certaine reconnaissance. Il remporte en 1975 le prix Hugo du meilleur roman court pour Chanson pour Lya. En 1980, il remporte le prix Hugo, le prix Locus et le prix Nebula pour sa nouvelle Les Rois des sables.

Plusieurs autres ses nouvelles et romans ont été récompensées par les prix Nebula, Locus, World Fantasy et Hugo, notamment pour Blood of the dragon, Par la Croix et le dragons. Il a aussi eu un prix Bram Stocker de la meilleure longue nouvelle pour L'homme en forme de poire en 1987.

En 1996 George R. R. Martin retourne à l'écriture de roman en entamant le cycle de fantasy "A Song of Ice and Fire (littéralement "Un Chant de Glace et de Feu"), nommé en français Le Trône de Fer.

Il est également l'auteur d'un grand nombre de nouvelles dont certaines se déroulent dans le même univers que sa saga (Le chevalier errant, L'épée lige) ainsi que de romans totalement indépendants comme Riverdream ou encore Armageddon Rag.  

Il vit maintenant à Santa-Fé, et y continue d'écrire sa longue saga de A song of Ice and Fire

 

 Le pitch

Depuis des temps immémoriaux, les volcryns traversent la galaxie. Personne ne sait d’où ils viennent, où ils se rendent... ni même ce qu’ils sont vraiment.

Karoly d’Branin est bien décidé à être celui qui percera ce mystère. Entouré de scientifiques de talent, il embarque sur l’Armageddon. Mais bien vite les tensions s’accumulent. Quelle est cette menace sourde qui effraie tant leur télépathe ? Et pourquoi le commandant du vaisseau refuse d’apparaître autrement que par hologramme ?

Karoly est certain d’une chose : ses volcryns sont tout proches. Pas question de faire demi-tour. Quel qu’en soit le prix.

Prix Analog 1980 et prix Locus 1981,  Volcryn fut adaptée au cinéma pour le film Nightflyers en 1987. 

 J’ai senti cette chose dès mon arrivée à bord. Et cela empire. Cela me poursuit dans mes rêves. Il y a quelque chose de dangereux et d’étranger, Karoly, d’étranger !


Ce que j'en ai pensé

Ayant connu George R. R. Martin avec le recueil de nouvelles intitulé Les rois des sables, c'est avant tout le novelliste de science-fiction qui m’attire chez cet auteur. 

Terre connue donc, et bonne surprise au rendez-vous, Le volcryn est une grande nouvelle ou un court roman tenant en haleine. Lu d'une traite en deux heures, accaparée par les rebondissements du scénario mais également de par les découvertes sur les personnages, le temps fut absorbé par la faille spacio-temporelle de cette nouvelle. 

Respectant les codes de la sf sans s’appesantir sur de la hard sf (descriptions technologiques principalement), Le volcryn démarre pourtant comme nombre de romans de hard science-fiction ; une équipe embarque pour une mission scientifique dans un vaisseau spatial. Rama d'Arthur Charles Clarke, Escales dans les étoiles de Jack Vance ou encore Destination vide de Frank Herbert, en sont des exemples parmi tant d'autres. 

Bien vite, cependant, c'est l'aspect psychologique qui prend le dessus, jouant des peurs et petitesses des personnages. Entre des moments proches de Solaris de Stanislaw Lem ( jeux des perceptions et psychoses collectives), d'autres où la fascination pour les volcryns entre en  résonance avec Sunshine de Danny Boyle. Car là est l'un des talents de Martin ; un portraitiste de génie. Chaque personnage attire, repousse, fascine, suscite de l'admiration ou de la curiosité mais nul laisse réellement indifférent.   

Posant une intrigue pour dérouler la narration tout en annonçant les pistes possibles, s'amusant à suggérer des solutions pour s'en détourner par la suite, Martin aime jouer au chat avec ses lecteurs souris, pour leur plus grand plaisir. 

Car avant toute autre chose, que cela soit dans la fantasy avec l'univers du  trône de fer ou la science fiction avec ses nombreux textes du genre, Martin est un maitre du suspens et de l'intrigue, véritable Hitchcock du fantastique. 

Un plaisir donc, mené par une main de maitre, dans un texte certainement trop court, marquant dès les débuts d'écrivain de Martin sa patte particulière. Comme le disait Alfred Hitchcock Il n'y a pas de terreur dans un coup de fusil, seulement dans son anticipation.


Avec des gestes rendus patauds par l'apesanteur, il se tracta le long des coursives jusque dans le foyer rendu à l'obscurité. Il faisait étrangement froid dans la pièce, mais le jeune homme se forçat à ignorer le petit frisson qui lui courait le long de l'échine. D'une poussée, il s’élançât, survolant le mobilier solidement scellé au sol.


En résumé... 
Les plus;
  •  Une intrigue haletante,
  • un huis-clos psychologique, 
  • une quête scientifique ou mythologique stimulante,
  • la plume de George R.R. Martin efficace et tenant le récit d'une main de maitre.

Les moins;  
  • Le format court du récit, relativement frustrant bien que rien ne manque. (procurez-vous Les rois des sables, Elle qui chevauche les tempêtes ou Des astres et des ombres afin de ne pas être frustrés !)  

En conclusion;

Agréable et (trop) rapide à lire, Le volcryn vous assure un moment de plaisir si vous appréciez la science-fiction et le suspens. Connu par le grand publique principalement pour son épopée du Trône de fer, Martin mérite réellement qu'on s’intéresse à son œuvre de sf recélant de petites merveilles. 

- Parce que nulle part les IA n'ont d'existence légale. Un vaisseau ne peut pas se posséder lui-même. L'armagedon craint peut-être d'être saisi et déconnecté. Pour lui, ce serait la mort, Alys, la fin de la pensée consciente.  
Alys Northwind secoua la tête.
- Je passe mes journées avec les machines, répondit-elle. Qu'on les branche ou qu'on les débranche rien ne change.  Elles s'en fichent. Pourquoi celle-là serait-elle différente ? 

cités dans cet article