vendredi 15 avril 2016

Légion, à fleur de peau de Brandon Sanderson

Ce ne sont pas des personnalités, rectifiai-je. Elles sont distinctes de moi. Je ne souffre pas d'un trouble dissociatif de l'identité. 

Si vous ne lisez que ces lignes;

Une enquête menée par Stephen Leeds, surnommé Légion, qui possède une quarantaine de personnes dont il hallucine, toutes avec une personnalité distincte et des connaissances fort utiles. Drôle, ne perdant pas son lecteur, ce court roman est un vrai moment de plaisir de lecture ! 

Vas-y, tire moi dessus. Et comme ça n'aura aucun effet, vu qu'on est tous les deux imaginaires, tu seras obligé d'admettre la vérité : à savoir que tu es cinglé, même si tu n'es que le produit du psychisme d'un déséquilibré. Qu'il t'a imaginé pour lui servir de dépositaire. Que tu n'es toi-même qu'une clé USB. 

Brandon Sanders 

Brandon Sanderson est diplômé d'un Master d’écriture créative à l'université Brigham Young, où il a enseigné en classe comme assistant de David Farland.

Il est surtout connu pour avoir été choisi pour terminer la série La Roue du temps que la mort de Robert Jordan avait laissée inachevée. Son œuvre la plus connue est le cycle Fils-des-Brumes.

L'essentiel de ses romans de fantasy pour adulte se déroule dans un même univers, Cosmere, sans qu'il soit besoin de lire une série pour comprendre l'autre, mais quelques personnages et des indices se font écho d'une série à l'autre. Plus d'une trentaine de livre sont planifiés au total, dont une série qui lierait les arcs narratifs des différents livres entre eux. Les séries Fils-des-brumes et Les Archives de Roshar, les romans Elantris et Warbreaker, ainsi que plusieurs nouvelles se déroulent dans Cosmere.

Il a reçu le prix hugo roman court 201"  pour son roman L'Âme de l'empereur. 

Légion comporte à ce jour deux tomes dont à fleur de peau est le second, bien celui-ci  puisse se lire facilement sans connaitre le précédent.

Le site de l'auteur (en anglais) ici et un site français sur l'auteur ici afin de découvrir un peu plus ce prolifique auteur.  


Le pitch   

Stephen Leeds, surnommé « Légion », est un homme aux capacités mentales singulières lui permettant de générer une multitude d’avatars : des hallucinations aux caractéristiques individuelles variées et possédant une vaste gamme de compétences très spécifiques. 

Leeds est investi d’une nouvelle mission : retrouver un corps qui a été dérobé à la morgue locale. Il ne s’agit pas de n’importe qui. Le cadavre est celui d’un pionnier dans le domaine de la biotechnologie expérimentale, un homme qui travaillait sur l’usage du corps humain en tant qu’espace de stockage. 

Il se peut qu’avant sa mort il ait incorporé des données dans ses propres cellules. Ce qui pourrait se révéler dangereux… 

Non. Je ne suis pas fou. Je maitrise la situation.
C'était peut-être là ma seule folie : me croire capable de gérer tout ça.  
 
  
Ce que j'en ai pensé

Annoncé tel quel, le concept du roman de Brandon Sanderson aurait toute les possibilités (une quarantaine) d'être brouillon et difficile à suivre, notamment dans un format aussi court; à savoir un livre de poche de 220 pages.... 

Mais il n'en est rien ; le héro y est tout de suite posé avec humour et subtilité, ses aspects l'entourant étant bien distincts de par leurs personnalités, physiques ou petites manies, et c'est avec un plaisir facile que l'histoire se déroule sans trous narratifs ou précipitation. 

Si le cadre du roman est une enquête, intéressante au demeurant et portant sur des technologies que nous verrons peut-être fleurir demain, le cœur du récit se situe dans les rapports qu'entretient Légion avec ses aspects mais également les questionnements que ceux-ci se posent sur leur existence et les solutions (parfois facétieuses) qu'ils trouvent face à la question de leur réelle existence ou non. 

Amenant une rythmique soutenue, l'enquête et ses péripéties confronte un peu plus à chaque instant Stephen Leeds à une réalité émanant de lui mais lui échappant dans ses causes et conséquences.  

Ainsi, chacun de ses "aspects" possède t-il sa personnalité en propre, son histoire, ses névroses, sa propre vision de la situation, mais également un raisonnement qui lui est unique, et leurs interactions ne sont pas dénuées de moments drôles et surprenants !

Hors norme, le héro oscille entre le génie, le possédé et le représentant d'une pathologie mentale rare...  Si des éléments sont apportés afin de mieux comprendre cet état de fait, c'est bien à chaque lecteur de se faire sa propre opinion, du moins à ce stade de la saga. 

Plaisante et distrayante, l'écriture fluide et visuelle saupoudrée de touches d'humour créée un univers de comics, dont Légion serait le super-héro étrange et un brin mal dans sa peau. 

Fascinant et plaisant, j’attends avec impatience la suite des aventures de Légion ! 

J'ai compris ça toute seule !
- Génial !
- Enfin, c'est sans doute toi qui l'as compris. (Elle croisa les bras.) Quand on est imaginaire, c'est dur d'éprouver un véritable sentiment de réussite.
- Dans ce cas, imagine-le, répliquai-je. Puisque tu es imaginaire, un sentiment imaginaire de réussite devrait te suffire.

En résumé... 

Les plus;
  • Un personnage-concept principal fort,
  •  des aspects et personnages secondaires drôles et touchants,
  • une écriture fluide et visuelle.

 Les moins;   
  • Un format court qui laisse sur sa faim (ou ouvre l'appétit) 


En conclusion;

Découverte d'un auteur dont je vais m'empresser de lire d'autres ouvrages, Légion est également un coup de cœur dont j'ai hâte de lire la suite des aventures. N'hésitez pas à découvrir ce petit opus qui est un régal pour les amoureux de sf et ceux de comics. 

Tous mes aspects l'étaient. Désormais, je remarquais à peine la schizophrénie de Tobias, sans parler de la trypophobie d'Ivy. Mais cette folie était bel et bien sous-jacente. Chacun des aspects la possédait sous une forme ou une autre, que ce soit la peur des germes, la technophobie ou la mégalomanie. Je n'avais jamais vraiment compris quelle était celle d'Audrey jusqu'à présent.
-Tu crois que tu es imaginaire, lui dis-je.
-Ben tiens.
-Mais pas parce que tu l'es réellement. Plutôt parce que tu as une psychose qui te fait croire que tu l'es. Tu le penserais même si tu étais réelle.

 

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